Dans notre vision patriarcale de la société, les hommes sont poilus et les femmes se doivent de ne pas l’être.
La présence de poils visibles est souvent corrélée chez la femme à une masculinisation de son corps et renvoie à un cliché de négligeance ou de manque de propreté. Dans cette représentation genrée, les pratiques dépilatoires deviennent une injonction sociale, poussant les femmes à rester féminines au yeux des hommes, donc imberbes.
Dans les cultures orientales, le poil est considéré chez l’homme et chez la femme comme impur et dénote d’un manque d’hygiène. Les techniques d’épilation à la cire orientale à base de sucre et de miel, inventées en Inde, sont largement utilisées dans les pays arabes.
Les pays d’Europe du Nord (Allemagne, Suède, Norvège) sont plutôt adeptes d’une libération du poil et d’un maintien de la pilosité au naturel.
Au cours des siècles, notre conception sur le poil a beaucoup fluctué.
- Si au moyen-âge on s’épilait sourcils et front pour dégager le visage et mettre en valeur le regard, à la renaissance les avis sont plus partagés, les poils servant à cacher les parties intimes pour certains, d’autres étant déjà adeptes du maillot intégral.
- A l’époque moderne, l’absence de poils servait à distinguer les classes supérieures qui s’épilaient et portaient des perruques, du restant de la plèbe.
- Après la seconde guerre mondiale l’avènement du bikini et la libération du corps de la femme provoque une explosion de méthodes dépilatoires diverses et variées (rasoir, crème dépilatoire, bande de cire, épilateur électrique).
- L’apparition dans les années 90 des premiers articles scientifiques sur l’épilation durable au laser, ainsi que sa démocratisation dans les cabinets médicaux a largement facilité cette tendance.
Les codes sociaux sont alors influencés par la presse et les magazines de mode qui sont en plein boum: l’essor des mannequins des années 90 (Cindy Crawford, Naomie Campbell, Claudia Schiffer, Karen Mulder…) a sublimé l’image de la femme à la peau lisse et dépourvue de poils.
Plus tard, les mannequins au look androgyne (Kate Moss, Milla Jovovich…) ont étendu la mode de l’épilation laser à vous messieurs. Vous vous êtes alors mis à vous épiler de près le torse, l’abdomen, les aisselles et bien d’autres parties de votre corps.
- Dans les années 2000 la génération Z vient tout bousculer, ultra-connectée, multi-identitaire, rebelle, elle casse les codes des générations précédentes. “Chacun a le droit de choisir ce qu’il fait de son corps peu importe le sexe”. La tendance s’inverse alors, les femmes s’épilent de moins en moins et les hommes de plus en plus.
- De nos jours, cette mutation générationnelle brouille les pistes à souhait: c’est la tendance genderless.